burnout
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“L’idéal serait d’avoir des collègues en prévention qui puissent repérer les premiers signes d’un stress prolongé. Ils pourraient même devenir des interlocuteurs et avoir leur mot à dire dans la politique de prévention sur le stress et le burn-out.”

“Et c’est très bien. Les personnes qui ont appris à observer leur état de stress chez moi, regardent le comportement de leurs collègues différemment. Elles remarquent si les autres soupirent souvent, parlent très vite et sans faire de pause ou s’ils ont trop de tension dans la nuque ou les épaules par exemple.”

Le stress se voit aussi

On peut voir un excès de tension prolongée. Votre corps montre des signaux évidents : maux de tête, troubles intestinaux, douleurs dans la nuque, réveil matinal, difficultés de concentration, douleurs dans le bas du dos, impossibilité de rester tranquille, hyperactivité.

Ce sont comme des feux de signalisation qui passent à l’orange puis au rouge. Ne pas en tenir compte augmente le risque d’accident.

Voilà ce qu’explique Raf Frateur, consultant en stress et auteur du livre “Mijn lichaam zegt neen” (“Mon corps dit non !”). Le sommaire du livre est une liste de symptômes qui indiquent une augmentation de la tension de base dans votre corps.

Nous n'™avons pas appris à écouter notre corps

Apprendre à écouter

“Nous n’avons pas appris à écouter notre corps”, explique-t-il. “Nous avons entraîné notre esprit, oui. Nous utilisons notre cerveau. Mentalement, nous sommes solides. Mais physiquement ?”

“À l’école, nous apprenons à faire du sport, mais durant leur formation et leur éducation, la plupart des enfants n’apprennent pas de techniques pour détendre consciemment leur corps. Par conséquent, en cas de stress chronique, nous raisonnons souvent avec une volonté purement rationnelle. Jusqu’à ce que notre corps n’y arrive plus.”

C’est quoi exactement, la tension ?

Enfin… la tension de base ?

“Votre corps a besoin d’un certain niveau de tension pour fonctionner naturellement. Bouger, respirer, etc. Chaque tâche que vous réalisez nécessite une tension supplémentaire.”

“Mais lorsque ces tensions s’enchaînent à vive allure, par exemple dans une période chargée sur le plan professionnel ou intense sur le plan émotionnel, et que vous n’arrivez plus à avoir de moments de détente, votre tension de base augmente.”

“Dans le cas d’une augmentation de la tension de base, votre organisme ne parvient plus à retrouver cet état de détente. Au contraire : votre cerveau fait systématiquement revenir votre corps à ce niveau de tension de base élevé. Vous vivez et travaillez en permanence dans un état de tension accrue.”

“Vous développez alors des symptômes physiques, d’abord au niveau de vos points faibles : dos, nuque, tête, digestion... C’est différent pour tout le monde.”

Votre cerveau fait revenir votre corps à ce niveau de tension de base élevé, mais ce n'™est pas réellement votre état de détente

Donc : on peut prévenir les accidents

“Oui, si vous apprenez à identifier ces signaux. On peut également apprendre à se détendre plus rapidement, car il existe des techniques, des formes d’entraînement. On peut apprendre à devenir plus résistant au stress, à faire face à ces stimuli.”

“Mais c’est quelque chose de très personnel. Votre capacité propre joue un rôle important. Certaines personnes peuvent plus facilement faire face au stress que d’autres.”

De plus, notre rythme de vie est tellement effréné qu’il devient difficile à suivre pour tout le monde. Raf Frateur se méfie des généralités. C’est pour cela que les parcours des personnes qu’il accompagne sont tous uniques.

Signes avant-coureurs

Quand on lui demande quelles tendances sociales il tire de sa pratique, il précise :

“Le rythme de vie à l’heure actuelle est très dense, c’est sûr. Je travaille aussi avec des jeunes d’une vingtaine d’années, ce qui prouve que ce ne sont pas seulement les travailleurs expérimentés et les dirigeants avec de nombreuses responsabilités qui ont des difficultés à tenir le coup. Même s’il est vrai que plus on vieillit, plus on peut accumuler des tensions.”

“Ce sont toutes des personnes qui ont perdu la sensation de calme. Elles ne sont pas malades, elles ne présentent pas de lésions physiques, mais elles souffrent réellement et leurs symptômes persistent, même si elles “lèvent le pied”.”

Nous ne sommes pas malades, nous ne présentons pas de lésions physiques, mais nous souffrons réellement

Vies multiples

“Nous avons une vie familiale, une vie professionnelle, une vie sociale. À cela est venue s’ajouter une vie “en ligne”. On n’a pas souvent conscience du temps que tout cela nous prend et des tensions que cela peut nous causer.”

“Quand je parle de vie “en ligne”, je veux dire au niveau privé et professionnel. Cette fluency peut représenter un risque car les limites physiques entre vie privée et vie professionnelle s’estompent. Je vous le dis : il faut déconnecter le serveur et les e-mails après certaines heures. Il faut se déconnecter. Rester joignables pendant ses vacances ? C’est rarement une bonne idée.”

“Tout comme prendre quelques jours ou semaines par-ci par-là dans l’année, ce n’est pas la même chose que souffler pendant des vacances de trois semaines consécutives. Je travaille avec des dirigeants qui ont définitivement supprimé leur application de messagerie électronique de leur smartphone.”

Une semaine de vacance par-ici et par-là  ce n'™est pas la même chose que prendre trois semaines consécutives

“On revient ensuite au travail en pleine forme.”

Comment rester en équilibre ?

“Il faut apprendre et développer la résilience, oser faire des choix. Apprendre de manière consciente à faire face aux signaux que vous envoie votre corps. Ce sont souvent des facteurs négatifs qui font déborder le vase, c’est vrai, mais la question à se poser c’est : quelle source de stress faut-il supprimer pour rester en équilibre ?”

“Ce n’est pas forcément quelque chose de négatif. Notre société est trop stimulante et nous offre tellement de possibilités. Prendre soin de sa tension de base, c’est peut-être aussi ne pas aller à cette fête ou ne pas aller faire sa séance de sport intensive mais juste aller se promener.”