Pour beaucoup de gens, gagner au Lotto semble être la voie royale pour mener une vie de château. Mais si cela leur arrivait demain, combien seraient prêts à abandonner leur emploi ? D'après une vaste enquête * menée pour le compte du prestataire de services RH Tempo-Team auprès d'employeurs et de travailleurs, la moitié de ces derniers ne mettraient pas un terme à leur carrière s'ils gagnaient au Lotto… mais 41 % démissionneraient ! Point qui ressort de l’étude, les fonctionnaires semblent les plus attachés à leur boulot et auraient moins l'intention de l'abandonner, même s'ils n'avaient plus besoin de rentrées financières stables. L'étude révèle un lien entre la satisfaction du salaire et le fait de poursuivre le travail même si cela n'est plus financièrement nécessaire. Dès lors se pose la question : dans quelle mesure le salaire est-il une source de motivation pour aller travailler ?

Les fonctionnaires semblent les plus attachés à leur emploi et les plus satisfaits de leur salaire

Imaginez que vous gagniez un million d'euros : iriez-vous sur-le-champ dire bye-bye à vos collègues et à votre patron ? Plus d'un travailleur sur trois arrêterait de travailler s'il gagnait au Lotto, mais près de la moitié continuerait d'exercer son emploi.

En fait, poursuivre ou pas son travail si l'on décroche la timbale dépend aussi du statut du travailleur. Les fonctionnaires tiennent fort à leur emploi et sont davantage enclins à continuer à travailler (47 %), même s'ils étaient plus riches de quelques millions d'euros. Pour les employés (42 %) et surtout les ouvriers (38 %), continuer de se lever chaque matin pour aller bosser semble moins évident quand on est millionnaire.

Le salaire est le critère secondaire dominant…

Le fait que près de la moitié des travailleurs continueraient à se rendre chaque jour au travail après avoir gagné au Lotto n'est pas si surprenant que ça. Ces salariés sont en effet satisfaits de ce qu'ils gagnent ; un compte bancaire plus garni aurait finalement peu d'impact sur leur motivation professionnelle. Ici aussi, on constate que ce sont surtout les fonctionnaires qui se disent contents de leur salaire (60 %), suivis par les employés et les salariés (respectivement 53 et 45 %). À l'inverse, on constate la même tendance : le groupe qui remettrait son C4 en cas de gain au Lotto (un travailleur sur trois) est aussi vaste que celui qui aimerait gagner davantage.

Le salaire est donc important pour les travailleurs, car c'est l'avantage le plus tangible qu'ils retirent de leur emploi. Pourtant, moins de la moitié (41 %) disent venir travailler uniquement pour l'argent. À nouveau, il s'agit surtout des ouvriers (48 %), suivis à distance des employés (40 %) et des fonctionnaires (38 %).

Mais l'argent seul ne suffit pas pour rendre heureux. En Belgique, on ne travaille pas seulement pour alimenter le compte d'épargne, mais aussi pour apprendre et se perfectionner (22 %), pour la sensation de fierté (34 %), parce qu'on trouve son travail utile (42 %) ou en retire du plaisir (46 %). Mais avec des disparités entre statuts : les ouvriers ressentent moins de fierté, de sens, de plaisir ou d'épanouissement dans le travail que les fonctionnaires et les employés.

"L'enquête révèle que pour beaucoup de travailleurs, la somme versée à la fin du mois semble moins importante qu'un emploi passionnant. Parmi tous les travailleurs qui partent au boulot avec plaisir et motivation, 62 % se disent satisfaits de leur salaire, alors que seulement 37 % de ceux qui y viennent avec des pieds de plomb disent pareil. Le fait que des gens continuent ou pas de travailler après avoir gagné le gros lot dépend moins de l'argent ou du salaire, mais bien de l'implication, de la motivation et du plaisir ressenti au travail", commente Sébastien Cosentino, porte-parole de Tempo-Team.

Un salaire correct et loyal

Pour que le salaire soit considéré comme correct, il doit être en conformité avec les efforts consentis. Les travailleurs veulent que la politique salariale de leur entreprise ne soit pas déterminée lors de négociations d'arrière-boutique, mais de façon claire et loyale pour chacun. Ils accordent également beaucoup d'importance au salaire en fonction du travail accompli. Et c'est là que le bât blesse, car une grande partie des travailleurs n'est pas d'accord avec la façon dont est fixée la rémunération.

Ainsi, un répondant sur quatre pense que les décisions relatives au salaire ne sont pas prises de manière juste. Plus étonnamment, un employeur sur six le confirme. En outre, un tiers des travailleurs estime que le salaire n'est pas en phase avec les prestations fournies. Pourtant, plus de la moitié des employeurs estiment que les travailleurs perçoivent un salaire correspondant à leur travail. 

Mais à nouveau, les avis divergent en fonction du statut : fonctionnaires et employés pensent que leur salaire correspond à leurs prestations professionnelles (respectivement 43 et 42 %), un peu plus souvent que les ouvriers (37 %).

La moitié des répondants voudraient choisir par eux-mêmes la composition de leur rémunération, en particulier les ouvriers et les employés (tous deux 50 %) ; moins nombreux à être dans ce cas (44 %), les fonctionnaires sont davantage satisfaits de la façon dont ils sont rémunérés.

L'avantage extrasalarial le plus apprécié est la prime de fin d'année (78 %), suivi par les chèques repas et les écochèques (70 %), l'assurance hospitalisation (61 %) et un plan de pension individuel ou une assurance-groupe (52 %). Les employeurs l'ont bien compris : en plus du salaire, ils offrent avant tout une prime de fin d'année (58 %), des chèques repas et écochèques (51 %) et une assurance hospitalisation (42 %).

"Donner aux travailleurs voix au chapitre dans la composition de leur rémunération est un avantage win-win. Cela renforce la rétention du personnel et l'attrait de l'employeur pour attirer les meilleurs profils. De son côté, le travailleur peut adapter sa rémunération à sa situation personnelle et à ses besoins", conclut Sébastien Cosentino.

* C'est ce qui ressort d'une enquête menée en ligne auprès d'un échantillon représentatif de 2506 travailleurs et 269 employeurs en Belgique, choisis en fonction du régime linguistique, du sexe et de l'âge. L'enquête a été conduite au 4e trimestre 2020 par le bureau d'études indépendant Indiville pour le compte de Tempo-Team, avec une marge d'erreur maximale de 1,86 %.