Plus de 1 travailleur sur 3 estime être comme dans une cage dorée au sein de son entreprise ou institution. Il ne ressent guère de motivation, d'engagement, ni d'implication pour son travail, mais n'ose pas entreprendre de démarches pour en trouver un autre. Une étude menée pour Tempo-Team*, le prestataire de services RH, en collaboration avec la Professeure docteure Anja Van den Broeck, experte en motivation du travail à la KU Leuven, montre que ce manque de mobilité professionnelle, interne ou externe à l'entreprise, a un impact négatif sur le fonctionnement optimal du personnel. D'après cette étude, le remède pour s'assurer d'un engagement à long terme consiste à renforcer l'implication affective des travailleurs.

Des travailleurs démotivés, mais casaniers par crainte du changement

De nombreux postes d'emploi demeurent vacants en Belgique : leur nombre par rapport à la population active est pour l'instant de 4,7 %. En raison de la pénurie de forces de travail, il est plus que jamais devenu essentiel d'exploiter de façon optimale tous les talents disponibles au sein de l'entreprise et de libérer ceux qui se sentiraient comme dans une cage dorée en leur offrant de nouvelles perspectives. Près d'une moitié des travailleurs (4/10) estime en effet être boulonnée à son emploi actuel parce qu'elle ne décèle guère d'autres opportunités et craint des problèmes en cas de départ. 64 % des répondants reconnaissent que changer d'employeur génère trop d'incertitudes ; pour 43 %, la fidélité ressentie envers leur patron explique une bonne partie de leur passivité.

"Le problème de la cage dorée connaît une double dimension. D'une part, elle fait perdre énormément de mobilité professionnelle, ce qui complique encore plus la tâche des autres employeurs désireux de pourvoir leurs postes vacants. D'autre part, les entreprises elles-mêmes gâchent du potentiel interne en raison du manque de motivation de leur personnel, ce qui se traduit par une baisse de la productivité, nuit au fonctionnement et empêche une collaboration fructueuse entre collègues", explique Sébastien Cosentino, porte-parole de Tempo-Team.

Les travailleurs motivés montrent la voie

À l'opposé des travailleurs qui ont cette impression d'être piégés dans une cage dorée se trouvent leurs collègues qui s'avèrent très efficaces et performants. Ils ressentent bien plus de motivation (87 % vs 27 %) et de bonheur (94 % vs 29 %), se sentent par conséquent mieux dans leur peau et n'ont aucune raison de chercher un autre emploi. Plus optimistes, ils se déclarent plus productifs (87 % vs 29 %) et plus engagés dans leur emploi (87 % vs 27 %) ; par ailleurs, ils partagent de meilleurs liens avec leurs collègues (89 % vs 23 %) et leurs dirigeants (88 % vs 24 %). Ce contraste saisissant entre les deux catégories de travailleurs montre la nécessité des efforts à consentir par les employeurs en vue de favoriser la rétention du personnel.

L'implication fait des miracles

Augmenter la motivation des travailleurs et les fidéliser davantage passe par l'implication affective. En effet, l'étude révèle que les travailleurs performants éprouvent un niveau élevé d'implication affective (70 %) et ne se sentent clairement pas prisonniers d'une cage dorée (78 %). Leur motivation est forte, ils s'identifient aux valeurs et normes de l'entreprise et s'y sentent parfaitement bien. Pourtant, il manque encore un lien émotionnel fort avec leur entreprise. Ainsi, 70 % des travailleurs nouvellement embauchés déclarent que la hiérarchie ne passe pas de temps avec eux et 16 % estiment être abandonnés à leur sort. Les employeurs ne font pas assez d'efforts pour s'impliquer auprès des nouvelles recrues (37 %) ni dans l'organisation de formations (23 %).

"Quelle perte de temps et de moyens que de ne pas exploiter pleinement le potentiel de son personnel alors que l'on s'efforce d'un autre côté de recruter des talents trop rares ! C'est pourquoi il est important, tant au niveau de la direction générale que de la cellule des ressources humaines, de fournir des efforts pour retenir et fidéliser les travailleurs", explique la Professeure docteure Anja Van den Broeck. "Ils doivent se sentir soutenus par l'entreprise, ou au moins avoir cette perception. Leurs valeurs doivent être en concordance avec celles de l'employeur et celui-ci doit toujours respecter ses promesses. Enfin, la réputation de la firme et les valeurs intrinsèques, par exemple la création de bonnes relations humaines, jouent aussi un rôle important pour augmenter l'implication affective du personnel envers l'entreprise."

*C'est ce qui ressort d'une enquête menée en ligne auprès d'un échantillon représentatif de 1500 travailleurs et 250 employeurs en Belgique, choisis en fonction du régime linguistique, du sexe et de l'âge, avec une marge maximale d'erreur de 1,83 % auprès des travailleurs et 6,16 % auprès des employeurs. L'enquête a été menée au 4e trimestre 2021 par un bureau d'études indépendant pour le compte de Tempo-Team en collaboration avec la Professeure docteure Anja Van den Broeck, experte en motivation du travail à la KU Leuven.