Bien que deux travailleurs sur trois estiment important de s'épanouir au travail, seulement 58 % sont capables de façonner les tâches, le lieu et le temps de travail selon leurs préférences propres. Cette possibilité – appelée ‘jobcrafting’ en jargon anglo-saxon – a de nombreux effets positifs. Ceux qui peuvent en bénéficier se sentent plus impliqués et concernés par le travail, à l'inverse des 10 % de collègues qui ne sont pas en mesure d'adapter le travail à leur guise. Les premiers sont également plus heureux (76 % vs 10 %) que les seconds et ressentent un meilleur équilibre entre travail et vie privée (70 % vs 13 %). C'est ce qui ressort d'une enquête menée pour le compte de Tempo-Team, le prestataire de services RH*, en collaboration avec la professeure docteure Anja Van den Broeck, experte en motivation du travail à la KULeuven.

Ouverts à ce concept de 'jobcrafting', 6 employeurs sur 10 permettent à leur personnel d'en négocier certains aspects. Un sur trois ajoute être attentif aux idées ou critiques des collaborateurs désireux de modifier la teneur de leur travail. Mais en pratique, 42 % des salariés et fonctionnaires interrogés déclarent ne pas avoir la possibilité d'aligner leur travail à leurs préférences et capacités, et reconnaissent de ce fait que leur travail n'est pas toujours optimal. 72 % de ceux qui éprouvent cette incapacité déclarent que cela les empêche de s'épanouir ou de progresser auprès de leur entreprise et 75 % reconnaissent manquer de motivation.

"Il est important que les employeurs restent ouverts au dialogue avec les travailleurs désireux de modeler leur emploi à leur personnalité. En raison de la pénurie de personnel, donner aux collaborateurs des leviers pour façonner leur travail est une solution pour les fidéliser à l'entreprise, exploiter le potentiel interne de façon optimale, renforcer leur implication, améliorer leur ressenti quant à leur emploi et leur entreprise. Mais attention, le 'jobcrafting' ne signifie pas donner carte blanche au personnel. Pour l'employeur, il demeure important de définir de bons accords mutuels, car les propositions soumises par les travailleurs doivent convenir aux objectifs de l'entreprise", explique Sébastien Cosentino, porte-parole chez Tempo-Team.

Façonner son travail en vaut la peine

Plus de 7 travailleurs sur 10 déclarent se fixer des objectifs clairs quant à la teneur et la méthode de leur travail, parce que c'est essentiel pour que ce dernier demeure intéressant. Pour y parvenir concrètement, 6 salariés ou fonctionnaires sur 10 ont déjà négocié avec leur employeur certaines facettes de leur travail. Parmi les adaptations les plus fréquentes, citons le fait d'adapter les vacances aux besoins individuels (38 %), se perfectionner ou assumer des responsabilités supplémentaires (36 %). 58 % prennent les manettes en personnalisant davantage et en adaptant leur lieu de travail selon leurs goûts et besoins.

Et quelles sont les motivations ? Pour les uns, il s'agit d'améliorer les performances (60 %), se sentir mieux dans leur peau (59 %), avoir un travail à leur mesure (57 %) ou selon ce qu'ils estiment important (55 %). On remarque d'ailleurs que les fonctionnaires ont un peu plus tendance à prendre leur travail en main que les ouvriers ou les employés (64 % vs 57 % vs 55 %).

"Pour les travailleurs, remodeler le travail est la façon idéale d'en corriger les aspects ou tâches qui leur conviennent moins. Réaligner le travail selon les besoins crée une énergie positive, diminue le risque de burn-out et de bore-out. Il s'agit souvent de changements mineurs, mais dont l'impact est considérable sur l'impression de bonheur ressenti. D'ailleurs, le travail hybride et l'appui des technologies nouvelles requièrent de plus en plus le 'jobcrafting'", conclut Anja Van den Broeck.

*C'est ce qui ressort d'une enquête menée en ligne au 4e trimestre 2021 auprès d'un échantillon représentatif de 2500 employés et fonctionnaires et de 250 employeurs en Belgique, choisis en fonction du régime linguistique, du sexe et de l'âge, avec une marge d'erreur maximale de 1,83 % chez les travailleurs et 6,7 % chez les employeurs. Elle a été menée par un bureau d'études indépendant pour Tempo-Team en collaboration avec la professeure docteure Anja Van den Broeck, experte en motivation du travail à la KULeuven.