Que feriez-vous si, demain, vous gagniez 1.000.000 euros au Lotto? Pour plus d’un quart des travailleurs (26,4%), rien ne changerait: ils continueraient à travailler. Par contre, 35,6% des Belges présenteraient leur démission, soit pour ne plus travailler du tout (19,6%), soit pour trouver un autre emploi (16%). Voilà ce qui ressort d'une enquête* menée par le prestataire de services RH Tempo-Team, en partenariat avec la professeure Anja Van den Broeck, spécialiste de la motivation au travail à la KU Leuven. Parmi les personnes qui travaillent avec plaisir, un tiers (34,2%) ne changerait absolument rien à leur boulot si elles remportaient le jackpot au Lotto. Cette proportion est presque identique à celle (31,2%) des Belges qui estiment pouvoir 'faire la différence' grâce à leur travail.
Que feriez-vous si, après avoir joué au Lotto, votre compte se garnissait soudain de 1.000.000 euros? Pour près d’un travailleur belge sur cinq (19,6%), la réponse est évidente: ils arrêteraient immédiatement de travailler. Parmi les personnes actives professionnellement, cette proportion augmente à mesure que l’on approche de la retraite: 13,4% chez les -35, 20% chez les 35-54 et 30,3% chez les 55+.
Si je gagnais 1.000.000 euros au Lotto…
- Je travaillerais moins (39,3%)
- Je travaillerais tout autant que maintenant (26,4%)
- Je donnerais ma démission et j’arrêterais de travailler (19,6%)
- Je donnerais ma démission et je trouverais un autre job (16%)
- Je renoncerais ou réduirais certaines tâches (7,3%)
- Je serais plus exigeant par rapport à mon employeur: de meilleurs horaires ou télétravailler davantage, par exemple (6,2%)
Comme l’indiquent ces chiffres, la majorité des Belges (64,4%) continueraient à travailler comme avant. Cependant, 39,3% d’entre eux travailleraient moins et 6,2% formuleraient certaines exigences à l’égard de leur employeur, telles que télétravailler davantage ou bénéficier de meilleurs horaires. Quelque 7,3% souhaiteraient être totalement ou partiellement libérés de certaines tâches. Pour plus d’un quart (26,4%) toutefois, rien ne changerait : même avec 1.000.000 euros sur leur compte en banque, ils continueraient à s’acquitter de leur job actuel. Avec cependant une différence entre les femmes (21,3%) et les hommes (30,8%).
L’argent (seul) ne fait pas le bonheur
Deux Belges sur trois (65,9%) indiquent qu’ils travaillent essentiellement pour gagner de l’argent. Plus du tiers des répondants (35,5%) considère aussi que leur travail leur procure un certain statut, avec cependant une différence entre les hommes (39,7%) et les femmes (30,7%).
Mais l’argent et le statut – seuls – ne font pas le bonheur. Les autres facteurs importants de motivation au travail sont la fierté (59,5 %), le fait de trouver son travail utile (58,2 %), d'y prendre plaisir (58,6 %) et le sentiment d'apprendre quelque chose (53,4 %).
Jadis, la distinction ne se faisait qu'entre la motivation intrinsèque (travailler parce que c'est gratifiant) et la motivation extrinsèque (travailler pour l'argent). On observe aujourd'hui que les personnes qui jugent leur travail important ou porteur de sens – mais pas nécessairement agréable – sont tout aussi enthousiastes par rapport à leur job, ont aussi peu de risques de subir un burn-out et travaillent tout aussi bien que celles qui trouvent leur job agréable. Un travail 'qui a du sens' est ressenti comme une forme de motivation aussi autonome qu'intrinsèque. Le 'sens' est une source très importante de motivation. C'est une très bonne nouvelle pour les employeurs: le boulot ne doit pas nécessairement être agréable, pour autant qu'il ait du sens.
L'importance de cette motivation autonome ressort aussi de la réaction des Belges en cas de gain substantiel au Lotto. Parmi les travailleurs qui considèrent que leur job est agréable, plus du tiers (34,2%) continueraient à s'acquitter de ce même travail, malgré le million d'euros qui garnit leur compte. Ce pourcentage est presque similaire à celui des travailleurs qui estiment pouvoir 'faire la différence' au travers de leur travail (31,2%). C'est moins le cas, en revanche, pour les personnes qui ne travaillent que pour l'argent (22,6%). Observation marquante: les personnes qui travaillent pour l'argent indiquent plus souvent qu'elles arrêteraient de travailler (23,2%) ou chercheraient un autre job (17,6%) que les personnes qui aiment leur travail (respectivement 14,1% et 9,4%) ou trouvent qu'il a du sens (respectivement 14,8% et 10,8%).
À l'inverse, on remarque que les personnes qui arrêteraient de travailler si elles gagnent au Lotto (35,6%) sont moins motivées (6,8/10 vs 8,7/10), prennent moins de plaisir à travailler (6,6/10 vs 8,6/10) et sont moins productives (7,9/10 vs 8,8/10) que celles qui continueraient à faire le même travail.
L'implication, la motivation et le plaisir de travailler sont essentiels
Comment encourager la motivation? Les personnes qui arrêteraient immédiatement de travailler attribuent un score moins élevé à la teneur de leur travail que celles qui continueraient à faire le même boulot (7,4/10 vs 8,8/10). Elles attachent aussi moins d'importance à l'autonomie de décision (7/10 vs 8,2/10), à l'équilibre vie privée/professionnelle (7,4/10 vs 8,6/10) et aux opportunités d'épanouissement (6,1/10 vs 7,7/10).
Continuerait-on à travailler si l'on gagne au Lotto? Tout dépend essentiellement de l'implication, de la motivation et du plaisir que procure le travail. Ainsi que de la manière dont le travail est aménagé. Lorsqu'un travailleur s'épanouit dans son job, il n'y a pas de raison qu'il arrête de travailler. Certes, certains d'entre eux souhaitent réduire leur horaire. Pour d'autres, c'est l'occasion rêvée de se libérer de leur prison dorée ou de s'affranchir de conditions de travail peu agréables, et d'oser enfin faire le switch de carrière dont ils rêvent depuis longtemps sans pouvoir le concrétiser, pour des raisons financières.
* Ces observations sont tirées d'une enquête conduite par Tempo-Team en 2024, en collaboration avec la professeure Anja Van den Broeck, experte en motivation au travail à la KU Leuven. L'enquête a été réalisée par un bureau indépendant auprès d'un échantillon représentatif composé de 2000 salariés belges. Ils ont été interrogés sur plusieurs sujets liés au cadre de travail.